Euville hier et aujourd'hui
Soeur Sophie
En ces temps de commémoration du centenaire de la guerre 1914-1918, j’ai souhaité vous parler de Sœur Sophie, qui s’est justement distinguée pendant ces évènements.
Née Marie Thérèse Deville, en 1869 à Euville, elle est la fille de Louis Philippe DEVILLE (1832-1913) et de Maria MAILLARD. Elle a pour frères Jules Deville (organiste de la paroisse pendant 40 ans) et Pierre Deville, demeurant 12 rue des Carrières, dont le fils Léon s’installera bourrelier à Lérouville et sera le grand père de Martine Harsch-Majau, qui a fait le chemin inverse pour revenir à Euville.
A 19 ans Marie Thérèse Deville est religieuse à Nancy à la congrégation de la Sainte-Enfance de Marie sous le nom de Sœur Sophie, elle est institutrice.
En 1905 la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat oblige les religieuses enseignantes soit à devenir enseignantes laïques en France, soit à garder le voile mais s’expatrier. Sœur Sophie n’a voulu renoncer ni à ses vœux ni à sa condition d’institutrice. Elle s’est alors expatriée en Belgique.
En 1909, elle est à la paroisse Saint Laurent dans la ville de Couillet, située à la périphérie sud-est de Charleroi, sur la Sambre et dans la province du Hainaut (comptant 11 000 habitants, Couillet vient récemment d’être rattachée à la ville de Charleroi). Elle y deviendra Supérieure des Sœurs de Charité du Sacré-Cœur.
En 1934, la paroisse Saint Laurent fête le 25° anniversaire de sa présence et lui offre le livre « L’Imitation de Jésus-Christ » avec la dédicace suivante : « Couillet – Belgique – Paroisse St Laurent 1909-1934 Hommage d’affectueuse reconnaissance, de grande estime et de profond respect à la Révérende Sœur Sophie Deville, supérieure des Sœurs de Charité et de l’Ecole du Sacré-Cœur à l’occasion de son 25° anniversaire de dévouement aux œuvres de la paroisse. Couillet le 14 octobre 1934. De la part du clergé paroissial, du conseil de fabrique et du comité scolaire».
Sœur Sophie décèdera le 29 avril 1941 à Montigny sur Sambre (Belgique) où elle se trouvait momentanément. Il est possible qu’elle soit décédée à l’hôpital de Montigny, cité voisine aujourd’hui également rattachée à Charleroi.
Appelée « tante chère-sœur » par la famille, elle venait régulièrement passer quelques jours à Euville et résidait alors chez son frère Pierre. Elle apportait de l’huile réputée efficace contre les brûlures (Saint Laurent est mort brûlé) probablement fabriquée à Couillet. Il est arrivé que la famille la visite en Belgique, comme par exemple sa nièce Geneviève Deville, qui lui avait rendu visite avant la guerre de 40, avec sa cousine de Troussey Marie Thérèse Georges. Dans la famille, on parlait de sœur Sophie avec admiration et respect.
Pendant la guerre de 1914-1918, les actions de Sœur Sophie lui ont valu l’attribution d’une médaille du War Office anglais. Cela lui est annoncé par une lettre du 18 septembre 1819, écrite en ces termes : « Je suis mandaté pour vous informer qu’il vous a été attribué la médaille de guerre britannique pour services « de valeur » rendus à l’armée britannique durant la grande guerre 1914-1918. L’envoi de cette médaille va être effectué dès que possible, mais vous ne la recevrez pas avant quelque temps. En attendant, j’ai l’instruction de vous transmettre 2 pouces du ruban de la médaille ; ci-joint.
Signé Mallinger, Lieutenant-Colonel, Etat-Major»
Comme quoi une vie peut en cacher d’autres et comme quoi la nation France s’est une fois de plus privée de nombreux talents et de gens de grande valeur …