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Jean Nicolas TRUSSON, apothicaire

Le texte qui suit a fait l'objet de ma part en 2010 d'une présentation audiovisuelle à Commercy devant le public de l'Université de la Culture Permanente. Au centre de mes recherches se trouve le professeur Pierre LABRUDE, à qui je rends hommage pour ses connaissances illimitées, sa générosité d'âme et son immense ouverture d'esprit.

Docteur en Pharmacie, Pierre Labrude enseigne jusqu'en 2014 à l'Université de Nancy I, à la Faculté des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques. Il y a la responsabilité de l'enseignement du maintien à domicile, et de l'orthopédie. Outre de très nombreuses publications sur des sujets touchant à ses spécialités, il dirigera plus de 220 thèses de ses élèves candidats au diplôme de Docteur en Pharmacie, comme par exemple en 2009 celle dont il est question ici sur "Jean Nicoles Trusson, pharmacien du XVIIè siècle". Pierre Labrude sera correspondant de l'Académie Nationale de Pharmacie. Membre de l'Académie de Stanislas, il présidera cette prestigieuse assemblée en 2012.

 

 

 

Première rencontre

 

Tout commence par la rencontre de Jean Delétang, un parent, ancien Directeur de l'Ecole Normale de Châlons en Champagne. Il me parle d'une petite-cousine qui doit réaliser une thèse sur un pharmacien qui, me dit-il, serait originaire d'Euville, mais dont il a oublié le nom, peut-être Masson ? Me remémorant la consonnance de patronymes des vieilles familles euvilloises, je pense à Trusson. Oui, cela ressemble à ce nom, me dit Jean. Rendez-vous est aussitôt pris avec Julie Owziany, la thésarde. Nous sommes en décembre 2007. Je lui propose une découverte d'Euville. Julie m'apporte un document, départ de ses recherches, fourni par son maître de stage, le Professeur Labrude.

 

Il s'agit d’un article paru dans la Revue d'Histoire de la Pharmacie en 1992 sous la plume de Christian Warolin, membre honoraire de l'Académie Nationale de Pharmacie et Président d’Honneur de la Société d’Histoire de la Pharmacie. Cet article est relatif à  une pharmacie sise 3 rue Soufflot à Paris, il évoque les prédécesseurs du pharmacien actuel, qui ont pour nom : Bataille, Trusson, Moutillard.

Ces noms m'interpellent et je m'entends dire à Julie : "Ces noms de famille sont tous connus à Euville, je parie qu'il y a un lien familial entre ces trois pharmaciens de Paris. Si vous voulez, j'entreprends des recherches sur ce point."

 

Le document Warolin

Nos recherches

 

Les recherches généalogiques se sont déroulées essentiellement dans les registres paroissiaux et les états civils, accessibles à Commercy pour ceux concernant Commercy et aux Archives Départementales de la Meuse, pour les autres communes. Concernant Paris, malheureusement, les archives ont brûlé au cours du soulèvement de la Commune en 1871, et leur reconstitution à partir des actes notariés est très partielle. Cette situation a beaucoup limité nos investigations.

Les autres documents sur les pharmaciens ont été consultés soit aux Archives Départementales de Meurthe et Moselle à Nancy, soit à la BIUP à Paris (Bibliothèque Inter Universitaire de Pharmacie).

 

La première difficulté a résidé dans la localisation d'une commune où trouver Joseph Bataille, puisque ce dernier était inconnu dans les registres paroissiaux d’Euville.

La seconde difficulté était que, pour Moutillard, il n'était indiqué aucun prénom ni dans l'article de Mr Warolin ni, d'après ce dernier, que j'avais questionné, dans  l’Almanach Impérial de l'époque.

 

C’est Charles Emmanuel Dumont qui est venu à mon secours. Dans son "Histoire des fiefs et principaux villages de la Seigneurie de Commercy"  tome premier,  le chapitre concernant Euville mentionne nos trois pharmaciens, ainsi que Huraut.

 

Mon propos rend compte de mes recherches généalogiques sur ces familles et des liens de parenté que j'ai pu établir entre Joseph Bataille, Jean Nicolas Trusson et Nicolas Denis Moutillard.

Il s’attarde également sur des pharmaciens proches ayant exercé à Commercy : Jacques François Cordier et Joseph Moutillard.

Recherches à la BIUP de Paris, j'ai en main un portrait de Bataille.

La pharmacie Lhopitallier

 

Revenons à la pharmacie Lhopitallier, que cette famille possède depuis 1892, au n° 3 de la rue Soufflot, juste devant le Panthéon.

Roger Lhopitallier s'y est installé en 1972.

C'est une belle devanture d'époque, avec une entrée centrale et quatre vitrines. A l'intérieur, l'officine est de dimensions restreintes. On y découvre des étagères de pots à produits, une caisse enregistreuse d'origine, toujours en service et diverses choses à l'envi. Tout ici est authentique, il émane de cette pièce un charme qui invite à l'oubli de la vie moderne. Le couple Lhopitallier nous reçoit aimablement et apprécie la visite d'un meusien et d'une thésarde qui a choisi Trusson pour sujet.

Roger Lhopitallier est fier de nous montrer un vieux document promotionnel, toujours à disposition sur le comptoir, et que la famille diffusait déjà il y a fort longtemps. Au recto, on lit que la pharmacie existe depuis 1750 et n'a connu que 7 praticiens en plus de 180 ans. Au verso, on lit que l'affaire a été fondée par Trusson, Professeur au Collège de Pharmacie. La vérité est un peu différente puisque cette pharmacie n'est ouverte qu'en 1857 à la suite du transfert d'une autre officine ouverte, elle, en 1749 par Joseph Bataille, au n° 28 de la rue Montagne Sainte Geneviève, en plein Quartier Latin. C'est bien cet établissement qui a été transmis à Jean Nicolas Trusson en 1781, puis à Moutillard en 1809, Huraut en 1844 et Buirat en 1857.

C'est sous ce dernier que les travaux du Baron Hausmann supprimèrent des rues de la Montagne Sainte Geneviève et que la pharmacie fut transférée 3 rue Soufflot, à quelques centaines de mètres seulement, au-delà de la Sorbonne, directement devant le Panthéon.

Après Buirat, Monnier prit la suite en 1876 puis Octave Lhopitallier en 1892, suivi de Henri en 1922 et de Roger en 1972.

Ce dernier a pris sa retraite en 2014 et la pharmacie a été fermée depuis.

Devanture de la pharmacie Lhopitallier

3 rue Soufflot à Paris

Document explicatif à disposition dans la pharmacie

Julie Owziany et Paul Lhopitallier dans la pharmacie

Les BATAILLE

 

Dans les registres paroissiaux de Pagny sur Meuse, à la fin du 17ème siècle, on trouve un Jean BATAILLE 1625–1693, maître d'école au village.

A Pagny également on trouve un Christophe BATAILLE (1653-1709). Jean Claude George [1] le dit natif d’Euville et précise qu'il est maître d'école à Pagny entre 1674 et 1709, année de son décès au cours du terrible hiver 1709/1710. Effectivement la naissance le 23 novembre 1653 d'un (Barbe) Christophe BATAIILE, fils de Simon, figure bien dans les registres paroissiaux d'Euville. Ce Christophe BATAILLE épouse à Pagny Anne Charlette THOMAS (1652-1710), native du village. Leur 2° enfant est Christophe BATAILLE, qui sera maître d’école à Euville. Leur 5° enfant sera Joseph BATAILLE.

 

Ce Joseph BATAILLE (1684-1749) est né à Pagny où il se marie le 4 février 1711 avec Margueritte LE CLERC, de Naives en Blois. Cette dernière décède en 1721. Joseph se remarie la même année avec Anne ALNOT (1679-1759). Il est recteur d'école à Pagny de 1710 à 1742 mais aussi greffier. D’après Jean Claude George, en 1742, il quitte son poste pour devenir notaire, toujours à Pagny, il sera tabellion jusqu’en 1745 et mourra le 22 juin 1749.

 

Le 3° enfant de Joseph BATAILLE et Margueritte LE CLERC est Joseph, du même prénom que son père, né le 13 octobre 1716 à Pagny, futur apothicaire à Paris.

 

Revenons à Christophe BATAILLE (1676 Pagny-1736 Euville), le 2° enfant de Christophe et Anne Charlette THOMAS. Il se marie en 1700 à Pagny avec Catherine DIDEREL de Villeroy sur Meholle et s'installe aussitôt à Euville comme maître d'école. Catherine, le 7° enfant du couple , se marie à Euville en 1735 avec Nicolas TRUSSON, ils seront les parents de Jean Nicolas TRUSSON.

 

Comme nous venons de le voir, les BATAILLE sont souvent maîtres d'école (on dit indifféremment recteur d’école), on les retrouve dans cette fonction au gré des générations à Pagny, Ourches, Troussey, Euville par exemple.

 

Dans les registres paroissiaux d'Euville, existe aussi un Jean BATAILLE qui décède en 1729 à l'âge de 82 ans (il serait donc né en 1647), il est également recteur d'école. On le voit parrain en 1693, on le retrouve en 1700 et 1701, comme témoin dans des actes de décès. Une signature commune entre Jean et Christophe BATAILLE le 14 juillet 1701 laisse à penser qu'ils ont exercé en même temps à Euville, Jean ayant 54 ans et Christophe 25 ans. Quant à Christophe, il est régulièrement témoin à partir du 18 mars 1701 dans les actes, car il exerce la fonction de greffier. Bien que probable, le lien de parenté entre Jean et Christophe n'est pas établi mais il pourrait s'agir de l'oncle et du neveu. A la fin de sa vie Christophe est maire royal du village.

 

De cette famille BATAILLE à Euville, la dernière à avoir porté le nom est Odile BATAILLE (1886-1950). Elle était la fille de Emile BATAILLE, cirier (fabriquant de cierges) à Euville, marié à Alberte MERCIER, de Trondes. Odile se mariera avec Georges LEGAY (1887-1955), elle était la mère de Marie Rose LAURIN, encore vivante.

 

 

[1]  Jean Claude GEORGE  :  "Pagny sur Meuse et ses environs"   Imprimerie du Barrois à Bar le Duc – 1985

 

Les TRUSSON

 

Les TRUSSON sont une vieille famille de Issey Ville. Devenue depuis Ville Issey, cette petite commune est associée à celle d'Euville depuis 1973 mais se situe sur l'autre rive de la rivière Meuse. Le Cardinal de Retz y possédait un pavillon de chasse, préservé en partie.

Un Pernot TRUSSON, fils de Mangin, de Issey Ville, épouse le 7 février 1644 à Euville Claudine LIOUVILLE  ( ? -1678). Un Pierre TRUSSON, de Ville, épouse le 4 novembre 1660 à Euville Claudine MARTIN. Un Pernot TRUSSON épouse le 11 juin 1680 à Toul Jeanne COLAS, d'Euville. Ce Pernot va s’installer à Euville et y fera souche. En 1687, il y est notaire. Le 7° enfant du couple est George (1693-1776) et le 8° est Pierre (1695-1755).

 

George TRUSSON se marie le 1° juillet 1711 à Euville avec Anne COLAS (1680–1753) alors veuve de Pierre BILLON. Leur premier né est Nicolas TRUSSON (1712-1788).

 

Ce Nicolas TRUSSON se marie avec Catherine BATAILLE (1713-1768) le 15 février 1735, leur 6° enfant sera Jean Nicolas TRUSSON (9 avril 1744 Euville-6 mars 1811 Paris) devenu pharmacien à Paris à la suite de Joseph BATAILLE.

 

Revenons à Pierre TRUSSON, le 8° enfant de Pernot TRUSSON et de Jeanne COLAS. Il épousera Marie GILLOT (1693-1738). Leur 2° enfant sera Jeanne TRUSSON, qui se marie en 1744 avec Nicolas MOUTILLARD. Ils auront un fils Joseph comme 2° enfant. L'acte de succession de Pierre TRUSSON et Marie GILLOT, pour la partie échue à leur fille Agnès, est encore conservé aujourd'hui par une famille d'Euville.

 

Jeanne TRUSSON et Nicolas TRUSSON (cité deux paragraphes plus haut) étant cousins germains, leurs enfants respectifs Jean Nicolas TRUSSON et Joseph MOUTILLARD sont cousins issus de germains (on dit aussi petits cousins). On trouve ici le lien de parenté entre Jean Nicolas TRUSSON et son successeur à Paris Nicolas Denis MOUTILLARD, fils de Joseph.

 

Le dernier TRUSSON à Euville était Louis (1895-1974) fils de Charles TRUSSON et de Marie Gabrielle MARC. Louis était marié à Georgette Cécile LARATTE. Leur fille Pierrette, veuve de Henri MARC, de Jouy, encore vivante, est la dernière descendante directe à avoir porté le nom.

 

Les MOUTILLARD

 

Les MOUTILLARD figurent déjà à Euville dans les registres paroissiaux les plus anciens existant (soit 1621).

La branche qui nous concerne commence avec Nicolas MOUTILLARD (vers 1663-20 avril 1751) marchand, marié le 3 juin 1681 avec Margueritte LIOUVILLE (vers1659-20 avril 1711), puis remarié le 28 août 1711 avec Anne LIOUVILLE.

 

Nicolas MOUTILLARD et Margueritte LIOUVILLE auront Antoine MOUTILLARD (1691-1732) en 5° enfant. Ce dernier se marie en 1718 avec Marie LIOUVILLE (vers 1690-1768) à Euville et leur 3° enfant sera Nicolas MOUTILLARD (1722-1789).

 

Ce Nicolas MOUTILLARD épouse le 11 février 1744 Jeanne TRUSSON (1723-1786), fille de Pierre TRUSSON et de Marie GILLOT, et se remarie le 19 février 1787 avec Marie GUILLAUMÉ. Nicolas MOUTILLARD et Jeanne TRUSSON auront en 1749 Nicolas pour 4° enfant, futur prêtre et curé d’Euville, et en 1759 Joseph pour 10° enfant, futur pharmacien à Commercy.

 

Ce Joseph MOUTILLARD (1759-1811) se marie à Commercy le 26 juin 1783 avec Marie Elizabeth DENIS puis exerce comme pharmacien à Commercy, où il décède le 6 octobre 1811. Joseph MOUTILLARD et Marie Margueritte DENIS auront Nicolas Denis MOUTILLARD comme aîné.

Il n’y a plus de MOUTILLARD à Euville depuis fort longtemps.

René Maillard  2010

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