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Les seigneurs jusqu'en 1766

Les seigneurs d'Apremont

 

Déjà au 12° siècle, Euville appartenait au seigneur d'Apremont, on parle évidemment d'Apremont la Forêt, cette importante seigneurie comprenant près de 280 localités. À ce titre, nous faisons partie du Saint Empire Romain Germanique, la frontière avec les pays sous influence Française étant souvent la rivière Meuse.

Les seigneurs d'Apremont ont connu une ascension rapide et ont fait souche dans de très nombreux pays. Ils participent aux croisades et ont un évêque de Verdun puis de Metz en la personne de Jean 1er.

Il semble qu'un chevalier ou écuyer, voire un seigneur, dépendant d'Apremont, ait demeuré à Euville. Ce serait le cas de Rodulphe d'Euville, quand il fait une donation à la jeune abbaye de Rangeval en 1165. Plus tard, Herbin (ou Herbert) seigneur d'Euville et son suzerain Geoffroi d'Apremont donnent leur accord à Odon, chantre et archidiacre de Toul, pour donner la cure d'Euville à l'abbaye de Rangeval, et en 1199, ce même seigneur augmente ces donations.

En 1319, Guyot de Ville est encore qualifié de seigneur du fief d'Euville, toujours dépendant d'Apremont.

En 1430, le sire d 'Apremont Jean d'Autel gage Euville au châtelain de Mandres aux Quatre Tours, Gérard de la Garde.

Les Apremont seront dépossédés au 16° siècle par les De Linange, arrivés dans la famille par mariage.

Euville acheté par le damoiseau de Commercy

 

En 1341, la seigneurie de Commercy avait été partagée en Château-bas et Château-haut. En 1414, Robert 1er de Sarrebrück, le premier seigneur de Commercy à se parer du titre de Damoiseau, hérite du Château-haut. Déjà propriétaire de biens roturiers à Euville, il achète d'autres biens au seigneur d'Apremont. Il achète en 1458 ce que possédait à Euville Jeanne Fringant et Hue d'Autel et quatre ans plus tard une autre part cédée par Hue d'Autel, seigneur d'Apremont Le Damoiseau de Commercy et le seigneur d'Apremont se partagent alors les sujets d'Euville, bien qu'Apremont soit seul détenteur du fief. Cette situation amena des conflits, comme celui en 1500 à propos du "Cri de la fête", proclamation annuelle au nom du seigneur, qui verra la comtesse de Linange, veuve du sire d'Apremont, abandonner ses prérogatives contestées par Robert de Sarrebrück comte de Braine et de Roucy, seigneur de Commercy..

Un Sarrebrück se marie avec une Roche-Guyon puis une Roche-Guyon avec un Silly et les trois familles se succèderont.

Les seigneurs successifs de Commercy continuèrent à faire leur foi et hommage aux seigneurs d'Apremont mais en 1526 Mme de la Roche-Guyon, baronne et vicomtesse de Louvois (de son nom Philippine de Sarrebrück), à qui venait d'échoir la principauté de Commercy, prit possession du fief d'Euville sans en avertir  le comte de Linange, seigneur d'Apremont. Un conflit des pouvoirs s'engagea et finalement, en 1545 le comte de Linange proposa à la vicomtesse de Louvois de lui vendre son fief d'Euville. Les sujets d'Euville, alors au nombre de 28, dont 6 Lyauville, prêtèrent serment au seigneur de Commercy.

Désormais, le sort d'Euville se confond avec celui de Commercy.

 

Euville érigé en souveraineté

 

En 1568, Charles III, duc de Lorraine, fait saisir Euville pour faute de reprises en temps utiles, mais Commercy obtient facilement une mainlevée. Par ailleurs, la seigneurie de Commercy était placée sous la tutelle des rois de France. Afin d'éviter à Euville toute soumission à un suzerain, son seigneur lui fit reconnaître le titre de "Souveraineté".

Désormais, les possesseurs de Commercy seront "dame de Commercy et souveraine d'Euville" ou "damoiseau de Commercy et souverain d'Euville".

 

Madame du Fargis

 

Françoise Marguerite de Silly est souveraine jusqu'à sa mort en 1625. Apparentée à la famille Roche-Guyon par son père Antoine de Silly, comte de La Rochepot, elle épouse Philippe Emmanuel de Gondi, elle est la mère du Cardinal de Retz.

Madeleine de Silly, sœur de Françoise, lui succède comme souveraine d'Euville jusqu'à sa mort en 1639. Elle était Dame Du Fargis par son mariage avec Charles Du Fargis d'Angenne. Euville a retenu son nom, notamment pour sa donation des Vignes d'Athènes. Madame du Fargis n'est pas inconnue dans l'Histoire de France : elle vit à Paris à la cour de Louis XIII, Richelieu la nomme en 1626 femme d'atour de la reine Anne d'Autriche. Elle côtoie tous les grands mais deviendra par la suite une opposante engagée du Cardinal et devra finalement se réfugier dans les Flandres, comme Marie de Médicis, la reine mère.

Sans doute n'a-t-elle pas trop souvent séjourné dans ses possessions Lorraines, qu'elle administrait depuis Paris, mais assez cependant pour qu'on lui associe la célèbre madeleine de Commercy, pâtisserie que lui fabriqua un cuisinier et qui porte son prénom.

 

Elle figure plusieurs fois comme marraine dans les registres paroissiaux. Madame du Fargis est Madeleine de Silly, apparentée à la famille Roche-Guyon, elle vit à Paris dans l'entourage de Richelieu (qui la nomme en 1626 femme d'atour d'Anne d'Autriche) dont elle deviendra par la suite une opposante.

Une La Roche-Guyon se marie avec un Silly

Antoine de Silly (1540-1609) est Comte de La Rochepot, baron de Montmirail, il épouse Marie de Lannoy, dame de Folleville

Ils ont 2 filles

1° Françoise Marguerite de Silly (décède en 1625) qui épouse en 1606 Philippe Emmanuel de Gondi, ils auront Jean François Paul de Gondi, cardinal de Retz (1613-1679)

2° Madeleine de Silly, qui épouse Charles Du Fargis d'Angennes et sera Madame Du Fargis

Françoise et Madeleine seront souveraines de Commercy et Euville

 

Le Cardinal de Retz

 

Comme sa tante Madeleine, il tient une place à part parmi les souverains d'Euville, une transmission orale parlant encore de la maison qu'il y possédait.

Jean François Paul de Gondi, coadjuteur puis archevêque de Paris, mais ayant soutenu les meneurs de la Fronde contre Mazarin, fut écarté du pouvoir par Louis XIV. Après 10 ans de vicissitudes et d'errances, il vient résider en sa seigneurie de Commercy en 1662, qu'il tient d'un cousin Rochepot. Une de ses premières ordonnances confirmera la souveraineté d'Euville.

Il possédait à Euville une petite maison où il aimait rendre la justice (il se dit encore qu'elle était Rue Haute), que Dumont décrit ainsi : "la maison de son Éminence, à Euville, composée d'une chambre devant, une chambre derrière, la cuisine au mitan, une petite cave, une petite grangette et un jardin". Dumont situe cette maison à l'angle de la rue Haute et de la rue des Fossés (soit pour nous, l'ancienne boulangerie 54 rue Jeanne d'Arc). Elle avait été dénombrée en 1477, qualifiée de "émi la ville". Au 19° siècle, le Domaine la louait, on la nommait alors "manoir" ou "la maison du fief".

Retz séjournait plus souvent à Ville Issey, où il s'était aménagé une maison de campagne, dotée d'une faisanderie et d'une ménagerie souvent fournie par le Prince de Condé depuis son château de Gentilly.

À Commercy, Retz a sa cour, puis il oriente sa vie vers moins de mondanités et plus de religion. Très cultivé, il constitue une bibliothèque de grande valeur, il échange beaucoup avec Dom Hennezon, comme lui en disgrâce au prieuré de Breuil, et avec les Bénédictins de Saint-Mihiel.

Pour payer ses dettes, le Cardinal de Retz vendit sa seigneurie en 1665 à Anne de Lorraine, princesse de Lillebonne et à son mari François-Marie de Lorraine. Il en garda cependant l'usufruit, dont il jouit jusqu'à sa mort en 1679.

 

Il tient une place à part parmi les souverains d'Euville, une transmission orale parlant encore de la maison qu'il y possédait.

Jean François Paul de Gondi, alors archevêque de Paris, mais ayant soutenu les meneurs de la Fronde en 1653, fut écarté par Louis XIV et contraint à l'exil. Il séjourna en sa seigneurie de Commercy, qu'il tenait de sa mère Françoise  Marguerite de Silly. Arrivé en 1662, une de ses premières ordonnances confirmera la souveraineté d'Euville : "Voulons et nous plait de notre autorité souveraine, que dorénavant notre souveraineté d'Euville soit distincte et séparée en toute chose de la ville et des villages de notre terre de Commercy".

Seigneur et souverain d'Euville, il donna raison aux gens d'Euville, qui lui avaient adressé le 9 mars 1662 une supplique visant à être déchargés des contributions imposées en 1656 par les officiers de gens de guerre français.

Il possédait à Euville une petite maison où il aimait rendre la justice (il se dit encore qu'elle était Rue Haute), que Dumont décrit ainsi : "la maison de son Eminence, à Euville, composée d'une chambre devant, une chambre derrière, la cuisine au mitan, une petite cave, une petite grangette et un jardin". Dumont situe cette maison à l'angle de la rue Haute et de la rue des Fossés. Elle avait été dénombrée en 1477, qualifiée de "émi la ville". Au 19° siècle le Domaine la louait, on la nommait alors "manoir" ou "la maison du fief".

Le Cardinal de Retz résidait plus souvent au château de sa seigneurie de Ville Issey, dont il reste aujourd'hui ce qu'on appelle le pavillon de chasse, qui est la mairie actuelle et qui possède encore le portrait du cardinal, attribué à Claude Duflot. A Ville-Issey le cardinal occupait la maison seigneuriale, qu'il avait aménagée, y ajoutant des jardins et une ménagerie.

 

Les souverains suivants

 

La princesse de Lillebonne donna alors la principauté de Commercy et la souveraineté d'Euville à son fils Charles. Charles, attaché à la cour d'Autriche, transmit aussitôt les domaines à son cousin germain Léopold 1er, duc de Lorraine et de Bar. Celui-ci en prit possession en 1708 et en concéda aussitôt la jouissance au prince de Vaudémont (Charles Henri de Lorraine était le fils naturel de Charles IV), à titre de récompense.

Elizabeth Charlotte d'Orléans (Madame Royale), veuve de Léopold et mère de François III, reçut pour douaire la principauté de Commercy et la souveraineté d'Euville et vint s'installer au château de Commercy jusqu'à sa mort, intervenue le 23 décembre 1744. Elle fut donc la dernière souveraine d'Euville attachée au Saint Empire Romain Germanique.

En effet son successeur, Stanislas Leszczynski , beau-père de Louis XV, régna au nom de la France. Il prit possession de la Lorraine jusqu'à sa mort intervenue le 23 février 1766, conformément à un acte passé vingt ans plus tôt qui réunissait la Lorraine à la France.

   Euville devint définitivement Française.

Pour payer ses dettes, le Cardinal de Retz vendit sa seigneurie en 1665 à Anne de Lorraine, princesse de Lillebonne et à son mari François-Marie de Lorraine. Il en gardait cependant l'usufruit, dont il jouit jusqu'à sa mort en 1679. Mais en 1680 Louis XIV déclara la seigneurie de Commercy réunie à la France, et en 1683 il prononçait la réunion à la couronne de France de toutes les terres et seigneuries des Trois Evêchés. La Lorraine disparaissait pour ainsi dire, après sept siècles d'existence. La princesse de Lillebonne donna alors la principauté de Commercy et la souveraineté d'Euville à son fils Charles, en se réservant l'usufruit. Charles, attaché à la cour d'Autriche, transmit aussitôt les domaines à son cousin germain Léopold 1er, duc de Lorraine et de Bar. Il en prit possession en 1708, un traité ayant été passé à Metz en 1701 entre le duc de Lorraine et le roi.

A titre de récompense, Léopold concéda la jouissance de la principauté de Commercy et de la souveraineté d'Euville dès 1708 au prince de Vaudémont, en conservant la nue-propriété (Charles Henri de Lorraine était le fils naturel de Charles IV), à sa mort en 1723, il récupéra ses propriétés et en jouit jusqu'à sa mort en 1729. Son fils François III lui succéda alors. Charlotte d'Orléans (Madame Royale) veuve de Léopold et mère de François III reçut pour douaire la principauté de Commercy et la souveraineté d'Euville et vint s'installer au château de Commercy jusqu'à sa mort, intervenue le 23 décembre 1744.

Elle fut dons la dernière souveraine d'Euville puisque, conformément à un acte passé en 1736 réunissant la Lorraine à la France, Stanislas Leszczynski, beau-père de Louis XV, prit possession de la Lorraine jusqu'à sa mort intervenue le 23 février 1766, et Euville devint définitivement Française.

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